Les mantras
L’aspect énergétique du son
Le son mantrique est une technique de concentration très ancienne et très utilisée. Les yogis accordent une grande importance aux mantras car ils expriment la parole sacrée. Je cite ici un extrait de la thèse de Eveline Grieder : »Par leur pureté et leur sacralité, les récitations de mantras, mobilisent, à l’intérieur du corps et de l’esprit du pratiquant, la qualité d’existence harmonieuse de la manifestation ( guna sattva) par opposition à son aspect opaque, inerte ( guna tamas), et son aspect excité, actif ( guna rajas). En récitant les mantras, et donc en expirant, on accomplit le trajet de la manifestation de la parole sacrée, de son aspect le plus subtil, para, (suprême),représentée au bas de la colonne vertébrale, à son aspect le plus matériel vaïkhâri ( étendu), représentée par la bouche. Ainsi on s’inscrit soi-même dans le grand cycle cosmique et l’on se perçoit comme porteur de la parole du monde et, en même temps, un parmi les existants, tous porteurs de cette même parole. »
Le mantra est une « forme psychique » concentrée, composée de syllabes nucléaires basées sur les propriétés ésotériques attribuées aux vibrations sonores. (…) la puissance d’un mantra particulier réside dans l’interaction du modèle vibratoire sonore et de son intonation correcte. (…) Le son mantrique, ou la combinaison de tels sons, est capable d’actualiser la forme divine de leurs énergies.Chaque divinité possède un bîja mantra, une graine mantrique, qui est son équivalent. ainsi le bîja mantra, racine vibratoire, forme atomique du son, représente-t-il la nature essentielle de la divinité.
Ajit Mookkerjee. Madhu Khanna
Le mantra des mantras : OM
« OM, le plus puissant de tous les sons, est la source de tous les mantras et une clef pour la réalisation. il est composé de 3 sons: a, u, m, qui représentent symboliquement les 3 tendances ou gunas – création, préservation, dissolution – et embrassent toute la connaissance des différents plans de l’univers. C’est la quintessence du cosmos entier, le monarque de tous les objets sonores, la mère des vibrations, et la clef de la puissance et de la sagesse éternelles » (Ajit Mookkerjee. Madhu Khanna)
« OM est la source de tous les mantras et de toute énergie.
Il est d’abord mahâ bindu, le grand point, qui est relation d’attraction, quasiment amoureuse entre les deux principes originels, opposés et complémentaires, purusha/prakriti, qui constituent les deux pôles cosmiques de la conscience/énergie créatrice. Là, il est avyakta, le non-manifesté.
Puis vient le premier son, la vibration initiale, l’essence de son, shabda, qui a mis en route la manifestation, et OM représente cette essence.
De là se déroule la manifestation, musique ou parole du monde, à l’énergie triple, triguna ; OM est cette trinité, représentée par le trident du dieu Shiva mais aussi par son idéogramme, qui est la sophistication symbolique du chiffre trois.
OM est issu de l’espace, âkâsha, qui est aussi le ciel, le vide, le milieu initial du cosmos et, étant associé à cet élément le plus subtil, il entraîne l’esprit de l’homme vers cette sphère originelle. C’est pourquoi le silence qui suit sa récitation est un silence qui symbolise l’origine muette du monde, avant l’acte vibratoire créateur, avant même la différenciation des deux principes. Cette syllabe sublime, symbole de tous les mots et les contenant tous, et symbole du silence derrière les mots, est akshara (impérissable), c’est-à-dire brahman, l’absolu. Car au niveau cosmique, derrière kshara, l’aspect périssable de l’énergie vivante, représentée par prakriti, l’ensemble de la manifestation (appelée aussi prâna, l’énergie, ou shakti, la puissance), existe aussi cet impérissable socle des choses, immobile et silencieux. Et, au niveau du langage, derrière l’aspect périssable des mots, des discours, des phrases, subsiste toujours la semence, la lettre, impérissable.
C’est la raison pour laquelle OM est la pratique mentale par excellence, svâdhyâya, car en lui se trouve ce vers quoi la réflexion doit s’orienter pour comprendre la réalité des choses et sa propre réalité : l’infini derrière le fini, l’unité derrière la diversité, le non-manifesté derrière le manifesté, et l’absolu derrière le relatif. »
Source : thèse de Eveline Grieder